Le Nouveau-Brunswick annonce de nouveaux PPP

FREDERICTON: Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a l’intention de conclure des PPP pour la construction d’un hôpital, de même que des écoles et des palais de justice, malgré la mauvaise expérience qu’a eue la province avec cette forme de contrat

Au début du mois, le ministre de l’Éducation annonçait la construction de deux nouvelles écoles en PPP. Le gouvernement a aussi confirmé qu’il aura recours à des PPP pour construire les nouveaux palais de justice de Saint-Jean et de Moncton, ainsi qu’un hôpital psychiatrique à Campbellton.

Les libéraux veulent réaliser leurs projets d’écoles privatisées, même si l’histoire récente de la province montre clairement les dangers des PPP. En effet, en 1998, le vérificateur général de la province a conclu que l’école Evergreen avait coûté 900 000 $ de plus que prévu parce qu’elle avait été construite en PPP.

Avec un financement privé, l’école de Moncton a coûté presque 400 000 $ de plus que si ce financement avait été public. Et la province devra verser, en plus, 421 000 $ pendant la durée de l’entente de 25 ans pour louer un terrain qu’elle avait vendu 275 000 $ à la société Greenarm.

L’écart entre les économies de 184 000 $ que pensait réaliser le gouvernement grâce au PPP et la réalité des 900 000 $ de coûts supplémentaires qui ont résulté a incité le vérificateur à conclure que le gouvernement avait surestimé (sous-estimé?) certains coûts pour rendre le PPP plus attirant.

En 1999, le vérificateur a critiqué un autre PPP très médiatisé en soulignant que la privatisation du tronçon Fredericton-Moncton de la Transcanadienne ne servait qu’à garder les dettes hors des livres publics. « Tout le projet reposait sur cet objectif », avait déclaré le vérificateur de l’époque, Daryl Wilson. Les contribuables du Nouveau-Brunswick en paient encore le prix.

Le Nouveau-Brunswick n’est pas la seule province où l’expérience a montré qu’il est de loin préférable de garder publics le financement, la propriété et l’entretien des écoles. En Nouvelle-Écosse, les écoles en PPP ont causé de gros maux de tête et ont fini par être annulées.

À la fin des années 90, le gouvernement libéral de la Nouvelle-Écosse avait signé une entente visant la construction de 55 écoles à propriété privée que le secteur public aurait louées en vertu de contrats qui duraient des décennies.

En 2000, le nouveau gouvernement conservateur avait mis fin à l’expérience des PPP après avoir constaté que les coûts avaient grimpé de 32 millions de dollars – une somme qui aurait permis de construire trois écoles. Non seulement les écoles coûtaient-elles plus cher, mais c’était aussi le secteur public qui devait assumer la majeure partie du risque. Les collectivités ont payé le prix, car les entreprises qui construisaient les écoles le faisaient en fonction de leur bilan et non en fonction des besoins des enfants.

Bien qu’aucune nouvelle école n’ait été construite en PPP en Nouvelle-Écosse, les conséquences des échecs précédents se font toujours sentir. Les contrats complexes ont donné lieu à plusieurs différends qui ont dû être tranchés en arbitrage, ce qui a encore augmenté le coût des ententes.

Les preuves s’accumulent aussi au sujet des problèmes créés par la privatisation des hôpitaux. En Ontario, les hôpitaux en PPP dépassent le milliard de dollars en coûts et les ententes se concluent dans le plus grand secret. L’opposition publique aux hôpitaux en PPP a incité le gouvernement à restreindre l’ampleur de ses projets de privatisation il y a un an, et deux nouveaux établissements, dont un centre de santé mentale, sont aux prises avec des problèmes. Les coalitions communautaires continuent leur lutte contre le financement privé de nouveaux hôpitaux dans la province.

Enfin, une lutte se prépare au Nouveau-Brunswick dans le dossier de l’eau. Le conseil municipal de Saint-Jean songe à privatiser la mise à niveau de son système de traitement de l’eau potable en concluant un PPP, sous prétexte que la Ville ne peut pas en assumer le coût. Les travailleurs municipaux, membres du SCFP, se sont joints à des groupes communautaires pour garder l’eau de la ville publique