Le Nouveau-Brunswick bascule-t-il vraiment vers le gouffre budgétaire?
MONCTON : Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) au Nouveau-Brunswick demande au gouvernement Gallant de ne pas répéter les mêmes erreurs que les gouvernements précédents sur la question du déficit.
« Voilà quatre ans, le gouvernement Alward a entamé son mandat avec des mises en garde alarmistes préparées par Don Drummond, selon lesquelles la Province enregistrerait un déficit de 2 milliards de dollars par année », a indiqué Daniel Légère, le président du SCFP N.-B. « Ces affirmations étaient largement exagérées et se fondaient sur des hypothèses erronées. Le budget aurait pu être équilibré sans compression dans les programmes, en grande partie en renversant les réductions d’impôt régressives. »
La semaine dernière, le ministre des Finances, Roger Melanson, annonçait que le déficit ne serait pas aussi élevé que prévu, mais ajoutait qu’il entendait aller de l’avant avec des compressions majeures dans les services publics.
« Encore une fois, le gouvernement du Nouveau-Brunswick exagère les problèmes financiers de la Province pour imposer des mesures d’austérité et des compressions qui vont dans le sens de ceux qui affirment que le Nouveau-Brunswick est « sur le bord du gouffre » s’il ne commence pas à couper dans ses dépenses. C’est absurde, ce ne sont que des discours pessimistes utilisés pour imposer des compressions dans les services publics et la vente d’actifs publics. Tout cela parce que le gouvernement sait bien que la population n’aime pas ce scénario à moins d’avoir peur. »
« Mettre l’accent sur des compressions dans le secteur public alors que dix pour cent des travailleurs et travailleuses du Nouveau-Brunswick sont en chômage n’est pas seulement fautif d’un point de vue social et moral, mais c’est aussi économiquement et fiscalement parlant dommageable », a expliqué Toby Sanger, économiste au SCFP.
« Répéter les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs et poursuivre dans cette même direction est, au plus, ignorant ou imbécile. Au pire, il s’agit d’une tentative délibérée de garder élevé le taux de chômage, d’empêcher l’augmentation des salaires et de nuire à l’économie du Nouveau-Brunswick dans l’intérêt de quelques citoyens seulement », a ajouté Toby Sanger.
« Les mesures d’austérité ne fonctionnent pas au Nouveau-Brunswick et partout sur la planète. Si la Grèce et l’Espagne sont les exemples européens d’un échec complet de mesures d’austérité, le Nouveau-Brunswick est l’enfant modèle de cet échec d’austérité au Canada », a ajouté l’économiste.
« Au lieu d’écouter les conseils du SCFP de restaurer de façon responsable les revenus, le gouvernement Alward a imposé des compressions de l’ordre de 1,7 pour cent dans son premier budget, ce qui a entraîné un ralentissement économique radical et un déclin de l’économie du Nouveau-Brunswick, tellement que la Province a enregistré le pire bilan économique de toutes les provinces de 2010 à 2014. Le Nouveau-Brunswick a aussi été la province qui a connu un taux de chômage plus élevé en 2014 qu’en 2009 et 2010 durant la crise financière et la récession », a expliqué Toby Sanger.
« Les mesures d’austérité ne fonctionnent pas : nous l’avons constaté à maintes reprises. Mais à quoi peuvent-ils s’attendre cette fois-ci? Quelle est la définition de ceux qui font les mêmes erreurs encore et encore en s’attendant à des résultats différents? »
« La révision des programmes du gouvernement provincial adopte la mauvaise approche en demandant aux gens ce qui devrait être coupé. Le gouvernement devrait plutôt demander ce qu’il devrait faire pour améliorer la vie des Néo-Brunswickois et des Néo-Brunswickoises de la manière la plus efficace, augmenter les revenus et faire croître l’économie », de dire Daniel Légère.
La Province pourrait éliminer son déficit si elle rétablissait les taux d’imposition aux sociétés, si elle éliminait les échappatoires et si elle augmentait les impôts aux plus riches. Au total, quelques-unes de ces mesures pourraient générer des revenus de 400 millions de dollars de plus annuellement, ce qui serait amplement suffisant pour éliminer le déficit et enregistrer un surplus ou générer des recettes supplémentaires pour investir dans les services publics.
Les revenus du Nouveau-Brunswick, en proportion de l’économie, sont presque les plus bas jamais enregistrés depuis un quart de siècle. S’ils augmentaient de seulement 1,5 pour cent de la moyenne obtenue au cours des 25 dernières années, ils seraient plus élevés de 500 $ millions, ce qui, une fois de plus, serait amplement suffisant pour éliminer le déficit et investir dans les services publics.
«La Province devrait s’employer à faire croître l’économie, à augmenter les salaires, à créer des emplois et à assurer un revenu décent et des services publics pour les Néo-Brunswickois et les Néo-Brunswickoises au lieu de couper des services publics pour éliminer son déficit », a conclu Daniel Légère.