Blaine Higgs, chef du parti progressiste-conservateur, a annoncé que s’il est élu premier ministre, il réduira 600 emplois du secteur public par attrition. L’attrition signifie l’élimination de postes suite à la retraite ou la démission d’un travailleur. Certains pensent qu’il n’y a pas de mal à cette approche parce qu’aucun travailleur ne perdra son emploi.
En réalité, l’attrition devrait inquiéter les Néo-Brunswickois. Il va de soi que les emplois qui seraient supprimés sont des emplois permanents, à temps plein, avec des avantages négociés – ce sont les types d’emplois qui, sur papier, « coûtent » chers à la province. Que se passe-t-il lorsque de bons emplois bien rémunérés disparaissent?
Problèmes de recrutement et de rétention: Plusieurs sections locales du SCFP dans les secteurs des soins de santé et des soins de longue durée font face à de graves problèmes de recrutement et de rétention. En fait, 71 % des membres du Conseil des syndicats hospitaliers du Nouveau-Brunswick ont indiqué qu’au cours de la dernière année, ils ont sérieusement envisagé de changer leur profession compte tenu de l’augmentation de la charge de travail et de la violence au travail. Si les emplois permanents à temps plein sont remplacés par des emplois occasionnels, à temps partiel et précaires, il devient plus difficile d’attirer et de maintenir de nouveaux travailleurs pour alléger le fardeau.
Précarité: Une diminution d’emplois bien rémunérés à temps plein et permanents entraine une augmentation du nombre d’emplois précaires. En août 2018, le Centre canadien de politiques alternatives a mené un sondage auprès des professionnels au Canada et a révélé qu’un travailleur sur cinq connaît précarité. Ils travaillent de contrat à contrat, à temps partiel ou font du travail à la pige. Soixante pourcents ont dit qu’ils n’ont pas de régimes de pension ou de congés de maladie. Ces résultats se répandent sur tous les secteurs d’emploi, les professions, les niveaux de salaire, les âges et les stades de carrière.
Une économie au ralenti: L’augmentation du nombre de travail précaire veut dire moins de dépenses. Si un travailleur ne sait pas quand il recevra son prochain chèque de paie, il sera moins susceptible d’investir dans l’achat d’une maison ou de bâtir une famille au Nouveau-Brunswick. Une étude de 2015 réalisée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) constate que le travail de plus en plus précaire « retient radicalement la croissance économique » – tant parce que les travailleurs ont moins à dépenser, mais aussi parce qu’il est plus difficile pour eux d’investir dans l’acquisition de nouvelles compétences pour améliorer leurs situations
Et les jeunes travailleurs?
L’OCDE a aussi démontré que:
Tous les partis politiques s’entendent pour dire que nous devons garder les jeunes Néo-Brunswickois au Nouveau-Brunswick, mais la situation actuelle est sombre. On parle de « pertes migratoires interprovinciales persistantes », surtout chez les travailleurs âgés de 20-29. Nous avons la responsabilité de veiller à ce que les diplômés du secondaire, des collèges et des universités aient accès à de bons emplois – pour un Nouveau-Brunswick prospère pour les générations à venir
Gabrielle Ross-Marquette
Conseillère syndicale en recherche