Les « investissements » du Ministère du Développement social : trop peu et pas assez

Dans une annonce faite cette semaine, le gouvernement du Nouveau-Brunswick prétend avoir réalisé des « investissements progressifs » dans le ministère du Développement social.

Malheureusement, cette affirmation ne tient pas la route, car elles ne répondent pas à l’ampleur des problèmes vécus par une grande part de notre population. Le ministre Bruce Fitch a célébré les maigres investissements dans son ministère, qui, à notre avis, ressemblent à « becquer bobo » de graves blessures sociétales. Que ce soit la pauvreté chez les enfants, les heures de soins quotidiens pour nos aînés dans les foyers de soins et le logement abordable pour tous, le ministre rate toutes ces cibles.

Tant que le gouvernement actuel ne présentera pas de réformes fiscales progressives, ses efforts ne pourront pas suivre les coûts croissants de la pauvreté, et de plus en plus de Néo-Brunswickois tomberont dans le piège de la pauvreté.

Pauvreté

Le gouvernement actuel s’époumone à dire qu’il veut « dynamiser le secteur privé » pour accroître la croissance économique au Nouveau-Brunswick. Pendant ce temps-là, une étude publiée le 7 avril 2021 par le Centre canadien de politiques alternatives démontre que la pauvreté coûte à notre province 1,4 milliard de dollars par année et entraine une perte de croissance économique de 3,71 % par année. Leur nouvel investissement de 2,4 millions de dollars pour lutter contre la pauvreté des jeunes enfants n’aura pratiquement aucun effet. De plus en plus de gens voient que leurs revenus ne suivent pas l’augmentation du coût de la vie et le gouvernement veut geler les salaires au lieu d’introduire un contrôle des prix pour protéger les citoyens. L’augmentation de 5 cents de l’heure du salaire minimum proposée par Higgs est également insuffisante, car elle ne correspond qu’à une tasse de café par semaine.

Logement abordable

Le gouvernement provincial et fédéral ont l’obligation de mettre fin à la pauvreté. Malheureusement, le plan décennal du GNB visant à investir davantage dans le logement abordable rate aussi la cible de manière significative. Avec l’hyperinflation des matériaux de construction, dans certains cas jusqu’à 300 pour cent, leur investissement de 17 millions de dollars ne sera pas suffisant pour faire une réelle différence. Le loyer payé pour les logements au Nouveau-Brunswick entre mars 2020 et mars 2021 a augmenté de 4,8 %, soit la plus forte hausse au pays. Davantage de familles n’auront pas les moyens de se loger, ce qui créera une pression importante sur cette stratégie déjà sous-financée.

Heures de soins pour nos aînés

Le ministre Fitch a annoncé qu’il augmenterait de 0,1 heure (soit 6 minutes) les soins pratiques quotidiens fournis aux personnes âgées dans les foyers de soins du Nouveau-Brunswick cette année, et de 0,1 heure de plus en 2022. Encore, c’est insuffisant. L’ajustement dérisoire ne suit même pas l’étude interne des besoins des aînés réalisée par le ministère du Développement social en 2005. Déjà à cette époque, leur rapport interne démontrait la nécessité d’un minimum de 3,5 heures de soins quotidiens pour les aînés dans les foyers de soins. Aujourd’hui, nous avons une population plus âgée et plus fragile qu’en 2005. Les experts et le SCFP conviennent que la norme minimale devrait être de 4 heures de soins pratiques quotidiens. Donner 6 minutes de plus aux aînés, c’est comme donner 5 cents de plus aux travailleurs au salaire minimum : c’est tout simplement insuffisant.

Les difficultés auxquelles sont confrontés un trop grand nombre de nos résidents ont un effet dévastateur et inacceptable. Si le gouvernement veut vraiment s’occuper de ses citoyens, il doit mettre en œuvre une réforme fiscale progressive pour se donner les moyens d’amener les solutions durables dont on a tant besoin.