Le 6 février 2021, l’exécutif du SCFP NB a publié dans tous les quotidiens du NB une lettre ouverte envoyée au Premier ministre Higgs quelques jours auparavant. Cette lettre est un cri du cœur de la part des travailleurs de première ligne. Vous trouverez le texte complet de la lettre sous le lecteur PDF.
M. Higgs, écoutez les travailleurs en première ligne
Cher Premier Ministre Higgs,
Nous, les travailleurs de première ligne du Nouveau-Brunswick, vous écrivons aujourd’hui parce que nous avons besoin d’être entendus. Les travailleurs du secteur public ont mis cœur et âme à faire fonctionner notre province pendant cette pandémie. Dans tous les secteurs, les employés font des miracles avec les quelques ressources dont ils disposent, malgré le fait qu’ils soient déjà à bout de souffle, surchargés et en manque de personnel.
Nous sommes de fiers Néo-Brunswickois, mais nous nous sentons abandonnés par votre gouvernement. Ce sentiment d’être tenu pour acquis a commencé bien avant la pandémie, avant même que vous ne preniez le pouvoir, M. Higgs. Mais vous êtes aux commandes depuis plus de deux ans. Lorsque vous avez formé votre gouvernement minoritaire en 2018, nous avons saisi toutes les occasions pour offrir notre collaboration et apporter des solutions constructives.
Dès le début, les syndicats ont signalé à vos fonctionnaires la crise majeure de recrutement et de rétention en cours dans tant de secteurs. Le problème s’étend au-delà des soins de santé, des services sociaux et des soins communautaires. Les sections locales ont sonné l’alarme auprès de vous et des premiers ministres précédents en leur expliquant qu’il y avait plus de départs à la retraite que de nouveaux postes à temps plein affichés. Ils ont tous déclaré « Nous allons examiner cela », et puis rien n’a été fait.
Lorsque vous avez succédé à Brian Gallant, nous vous avons écrit des lettres et demandé des réunions pour vous expliquer que les salaires du personnel soignant étaient parmi les plus bas au pays. Nous avons montré à vos ministres comment cela se traduisait par un manque de personnel dangereux dans les foyers et les hôpitaux. Pourtant, rien n’a changé depuis.
En fait, votre gouvernement a dépensé un montant record de fonds publics (plus de 350 000 $, comme l’a révélé Radio-Canada en décembre 2020) en frais juridiques, juste pour refuser le droit de négociation des travailleurs, plutôt que de négocier une augmentation de salaire équitable pour le personnel des foyers. Comment cela était-il « nécessaire », alors que vous savez que notre province a les revenus familiaux médians les plus bas de tout le Canada? De nombreuses sections locales de travailleurs municipaux et celles des manœuvres et métiers (section locale 1190) vous ont montré comment économiser de l’argent en rapportant les travaux publics à l’interne, au lieu de sous-traiter au privé.
On pense ici aux travaux d’asphaltage, de peinture des routes, de collecte des ordures et la fabrication des panneaux de signalisation. Malheureusement, il semble que trop de municipalités et de vos ministères souhaitent à envoyer l’argent des contribuables pour faire des profits au privé, plutôt de le faire à l’interne. Nous sommes fiers du travail que nous faisons et nous voulons que notre province se développe et fonctionne bien. Pourquoi n’écoutez-vous pas ceux qui sont sur le terrain, ceux qui font réellement le travail?
Où est le leadership pour honorer l’accord signé en 2020 entre plus de 500 travailleurs d’Alcool NB et la direction d’ANBL? Les employés des magasins ont fait des efforts considérables pour réaliser des ventes record, pourquoi les traitez-vous comme ça? Qu’est-il arrivé au principe « Une promesse est une promesse »?
Ce mois-ci, une étude nationale a prouvé comment votre gouvernement a alloué le moins de ressources et de soutien aux premières lignes en temps de pandémie, tous critères confondus. Sur 100 $ dépensés au N.-B., 99 proviennent du gouvernement fédéral. En fait, vous avez même laissé des millions de dollars fédéraux sur la table. En décembre, l’économiste Richard Saillant a écrit dans son article pour ce journal « Le gouvernement provincial devrait reconnaître qu’il dispose de la flexibilité fiscale pour mieux répondre à la crise. »
Le fait qui suit résume l’essentiel de ce qui ne va pas. Avant Noël, alors que les travailleurs du secteur public roulaient a 110 % en début de la deuxième vague de COVID-19, vous leur avez annoncé qu’ils devraient accepter des « zéros », un gel des salaires. Si vous espérez ainsi gagner la confiance de ceux que vous appelez « les héros en première ligne », c’est assez mal parti.
Vos décisions en tant que premier ministre vont à l’encontre du consensus national sur la reprise économique et le mieux-être pour les Néo-Brunswickois ordinaires. Pour nous remettre de la pandémie, nous avons besoin d’investissements publics dans tous les secteurs, et non des politiques d’austérité supplémentaires. Sans cela, la province va encore reculer d’une décennie en matière de développement. La dernière fois que l’austérité a été imposée après la crise de 2008, la règle du « faire plus avec moins » nous a fait subir une stagnation économique artificielle de 13 ans.
Monsieur le Premier Ministre, nous savons que vous avez le pouvoir d’investir dans le secteur public, dans les travailleurs de première ligne. Si vous partagez notre désir de voir notre province grandir et prospérer, cela exige également de l’ouverture et de la coopération de votre part. Faites ce qui est juste : agissez pour changer la donne pour les travailleurs et leurs familles.
Bien sincèrement,
Le conseil de direction du SCFP – Nouveau-Brunswick